Olivier CALON

Président de la CORERPA Ile de France
Membre des CDCA des Yvelines et des Hauts-de-Seine

Pouvez-vous nous présenter la CORERPA Ile-de-France ?

 

La CORERPA Île-de-France est née en 2008 pour la coordination des anciens Comités Départementaux des Retraités et Personnes Agées (CODERPA).

Depuis 2017, les CODERPA et les Conseils Départementaux Consultatifs des Personnes Handicapées (CDCPH) ont été remplacés par les Comités Départementaux de la Citoyenneté et de l’Autonomie (CDCA) : la CORERPA regroupe depuis lors les actions des CDCA en Île-de-France. Elle essaie de promouvoir leur travail auprès des responsables gouvernementaux.

La loi fixe peu de modalités sur la valorisation de nos travaux. Ils font l’objet d’une enquête et d’un rapport CNSA tous les deux ans. Cependant, cette exposition ne suffit pas à promouvoir les CDCA. L’action des CDCA est souvent confidentielle et n’est connue que par les organismes y participant. De plus, ils n’en font pas une grande publicité.

A la CORERPA, nous voulons soutenir les CDCA et améliorer leur visibilité.

La CORERPA souhaite jouer un rôle de liaison entre le terrain, le législatif et l’exécutif. Elle a la capacité d’influencer la mise en œuvre des actions et leur intégration. De plus, elle peut éduquer et apporter de la valeur aux parlementaires. Cependant, son action pourrait être améliorée.

 

 

Comment ?

 

En créant un observatoire ou une association nationale. Faire connaître les progrès réalisés par la CORERPA et d’autres instances similaires encouragerait les gens à s’impliquer davantage.

 

 

Le manque de leviers de communication est-il le seul frein à la visibilité des CDCA ?

 

Depuis le début, je suis un fervent défenseur des CDCA. Par conséquent, je trouve indécent, inutile et inefficace de développer des entités qui les concurrencent. Nous disposons d’une instance publique qui regroupe à la fois les personnes handicapées et les personnes âgées. Cette force représentative doit être écoutée à tout prix.

Certes, la réflexion est dispersée dans tous les départements. Cependant, nous avons réalisé un travail considérable au niveau de la CORERPA pour créer nos antennes et faire entendre positivement notre voix, notamment en ce qui concerne les aidants. Nous avons été écoutés et les décideurs politiques semblent avoir compris. Alors, pourquoi, lorsqu’il y a une manifestation sur les EHPAD, parle-t-on de « création d’une nouvelle filière » ? L’instance existe déjà ! Ce qui manque, c’est la manière d’agréger tous les CDCA. J’aimerais donc voir se créer une association publique intitulée « France Autonomie » qui fédère, accompagne et anime les CDCA.

Nous avons parcouru une partie du chemin en maintenant une instance régionale pour l’Ile-de-France. Cependant, mettre en place une telle structure au niveau national ne se fera pas sans difficultés, en raison des opinions locales et des administrations décentralisées.

 

 

Pourquoi vouloir cette instance nationale ? En quoi le niveau départemental est-il insuffisant ?

 

Aujourd’hui, nous sommes 15 millions de retraités. Mais qui nous représente ? Honnêtement, je n’en ai aucune idée. Enfin, si, je le sais, ce sont les départements.

Pourtant le sujet intéresse des représentants nationaux.

Prenons la question des aidants. Voyez comment ce sujet est devenu important grâce au travail de terrain de quelques promoteurs très engagés.

Regardez ce qui a été réalisé ces dernières années. Le relayage, la VAE, le congé proche-aidant, les dons de RTT, l’aménagement de la durée de cotisation à la retraite, la déconjugalisation, tout récemment et les deux Stratégies Nationales. Cela montre qu’il est possible de faire bouger les lignes. Et ce résultat, on peut en partie l’associer à la CORERPA. Alors, pourquoi ne pas faire la même chose pour le grand âge et l’autonomie ? Pourquoi deux poids, deux mesures alors qu’il s’agit d’un seul et même sujet, pris sous deux facettes différentes.

Selon moi, il y a un enjeu de rassemblement des voix. À l’heure actuelle, les acteurs qui s’expriment sur le sujet sont très dispersés. Aucun groupe ne représente les retraités. Il n’existe pas de lobby des retraités comme l’AARP aux États-Unis. Pourtant, c’est au niveau national que cette représentation aurait le plus d’impact.

Le CDCA peut jouer un rôle important, mais cela nécessite une meilleure formation. Certains départements jouent le jeu, tandis que d’autres ne le font pas du tout.

 

 

Que manque-t-il aux CDCA qu’une entité nationale pourrait leur apporter ?

 

De la cohésion et de la concertation entre eux.

Deux sujets :

Le premier concerne le fait que les CDCA sont une entité parmi tant d’autres. Notre influence est diluée et notre existence peu connue en dehors du cercle des acteurs qui siègent au CDCA. La CORERPA ou France Autonomie peuvent corriger ce problème, comme nous l’avons évoqué.

Le deuxième sujet concerne le niveau de formation des bénévoles du premier collège, c’est-à-dire les représentants des usagers. Ce sont eux qui incarnent véritablement le CDCA. Bien souvent, ils ont un niveau de maîtrise des sujets très insuffisant pour accomplir leur mission correctement.

Imaginez devoir participer au comité d’arbitrage d’un appel à projet de 30 millions d’euros. Autour de la table se trouvent des décideurs politiques. Vous venez tout juste d’entrer dans le CDCA et vous ne voulez pas dire de bêtises. Difficile, n’est-ce pas ? Je ne vais pas dire que nous n’avons pas de légitimité, car c’est la loi qui nous permet de participer. Mais oui, nous devons nous former au fur et à mesure.

C’est pourquoi nous militons aujourd’hui pour la création d’une entité nationale. Cette entité disposerait d’un budget pour former tous les représentants. Cela permettrait de revaloriser le bénévolat et de donner plus de sens à l’implication des bénévoles dans le CDCA.

Une fois formés, nous pouvons prendre la parole. Nous sommes en confiance sur les sujets techniques abordés en séance plénière. Nous comprenons de quoi parlent les comités et commissions où nous intervenons. Nous osons nous exprimer, notre parole est respectée et réellement prise en compte.

 

 

Qu’est-ce que les CDCA peuvent apporter à l’Agence Autonomie ?

 

Les bénévoles, les élus et les experts territoriaux forment un triptyque. Cependant, ils doivent profiter de cette représentativité. Le CDCA représente une légitimité. C’est un outil de démocratie participative qui peut aider l’Agence Autonomie à intégrer la voix de l’utilisateur dans sa stratégie.

Nous avons participé à la création de l’Agence Autonomie. Les deux CDCA se sont impliqués dans l’élaboration du cahier des charges. Aujourd’hui, nous souhaitons rester impliqués. L’Agence Autonomie supervise l’activité des deux départements et contribue à une meilleure circulation de l’information. Elle bénéficierait grandement de la contribution des CDCA pour promouvoir et enrichir son programme.

Le CDCA est un creuset.

Les membres doivent jouer le rôle de relais. Les représentants des utilisateurs sont également les représentants des associations, syndicats et organismes siégeant au CDCA. À ce titre, ils jouent un rôle de transmission auprès de ces instances.

Cela fonctionne dans les deux sens.

Les membres remontent au CDCA les actualités de leur organisme et relaient au sein de leur organisme les informations partagées en CDCA.

 

 

Quel rôle “Mon Espace Autonomie” pourrait jouer dans ce dispositif ?

 

Collecter cette information, l’organiser, puis la mettre à disposition de toutes les parties prenantes. Le relais ne doit pas dépendre uniquement des membres du CDCA. Il est bon que les membres échangent leurs connaissances sur les dispositifs, mais si cette information n’est pas transmise aux utilisateurs, cela n’est pas très utile.

C’est aussi une information qui sera pertinente pour le conseiller autonomie.

 

 

Quel regard portez-vous sur “Mon Espace Autonomie” ?

 

C’est un programme utile et concret. Ce qui me plaît, ce sont les services à domicile et l’autonomie à domicile. Actuellement, il existe des CVS dans les EHPAD, mais il n’y a rien à domicile. Il serait donc intéressant d’unifier ce qui se fait à domicile dans les services à la personne. C’est donc un point important avec l’accès personnalisé et facilité pour les bénéficiaires de l’APA, la PCH et leurs aidants à l’information et la mise en relation des services.

La coordination, en particulier dans les interventions à domicile, est essentielle. Car lorsque la personne a affaire à 10 intervenants, cela devient impossible. Le « Conseiller Autonomie » qui informera les aidants et les personnes vulnérables est la clé.

 

 

Mais où cette personne ira-t-elle puiser l’information nécessaire à un relais de qualité ?

Au-delà des programmes nationaux et du CDCA, quelles peuvent être les spécificités locales, peu visibles, mais très utiles pour les citoyens du 78 et du 92 ?

 

Comme nous l’avons vu à l’instant, les réseaux des membres du CDCA peuvent être une source d’information pour le Conseiller Autonomie. Nous pouvons apporter notre connaissance locale fine à l’Espace Autonomie.

Vous avez raison, il est difficile de disposer d’une vision à 360°. Toutes les aides, tous les circuits ne sont pas décrits sur le web. Beaucoup de dispositifs ne sont connus que par l’association ou l’institution porteuse. Apporter cette information à la collectivité facilitera l’accès aux aides, et enrichira la pratique du Conseiller Autonomie.

 

Propos recueillis par Alexandre FAURE

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